Une ambition pour Marseille par Jean Luc Chauvin
Président depuis 2016 de la CCI Aix-Marseille-Provence, Jean-Luc Chauvin est candidat à sa réélection. Agent immobilier de profession, il se confie à l’Agence Etoile et dévoile les grandes lignes de son programme. L’occasion d’échanger sur la dynamique qu’il souhaite insuffler, avec ses équipes, à la cinquième métropole européenne.
Rencontre avec un professionnel, fédérateur de chefs d’entreprises, autour de ses projets ambitieux pour la Provence et la cité phocéenne qui l’a vu naître.
Qui êtes-vous, Jean-Luc Chauvin?
Je suis d’abord un marseillais de cœur et de naissance. Professionnel de l’immobilier, j’ai occupé différentes fonctions, non seulement dans la transaction, mais aussi en tant que syndic et gestionnaire locatif. Ces activités m’ont naturellement porté à exercer des responsabilités au sein de la FNAIM. D’abord, à la FNAIM Jeunes, puis à la FNAIM des Bouches-du-Rhône, que j’ai présidé, de 2003 à 2008. En 2016, après un long investissement au sein de l’UPE MEDEF, je me suis fixé un nouveau défi. J’ai candidaté à la Présidence de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Marseille Provence… et j’ai été élu ! Une consécration pour l’amoureux de Marseille que je suis ! J’y ai vu une occasion unique de prendre activement part au rayonnement de “ma” ville. Aujourd’hui, je me représente de manière à poursuivre le travail initié avec mes équipes.
Après la crise des gilets jaunes, les manifestations contre la réforme des retraites, la COVID 19, notre bilan reste positif ! Tous les indicateurs sont donc au vert pour porter haut les couleurs de la métropole.
Pouvez-vous détailler le bilan de cette première mandature ?
Depuis 2016, nous n’avons eu de cesse de tenter de rapprocher la Chambre de Commerce des entreprises situées sur son territoire. A ce jour, 134.000 entreprises y sont recensées. Depuis ma première mandature, 75.000 ont déjà été en contact au moins une fois avec la CCI. Soit plus d’une sur deux. Un chiffre très encourageant, mais nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin ! Sur le terrain, mes équipes et moi même avons visité 2.200 structures, toutes tailles et activités confondues. C’est notre mission première au sein de la CCI de les connaître, les écouter, et leur permettre de développer leur activité.
Nous avons défini trois missions et objectifs pour notre Chambre de Commerce :
- la première est d’accompagner les structures durant tout leur cycle de vie, de leur naissance jusqu’à leur transmission. Il importe de créer un réseau fort d’entreprises, de les accompagner pour aller à l’international, mais aussi sur le plan local…
- la seconde mission de la CCI Marseille-Provence est d’accompagner aussi les collectivités à la création d’un territoire favorable au développement économique.
- la troisième de nos prérogatives concerne la formation. Ces actions de formation sont la clé d’une compétitivité durable pour toute structure. Car si vous ne mettez pas à jour vos connaissances, d’autres le feront pour vous. Lutter face à une concurrence de plus en plus offensive, c’est perfectionner inlassablement ses compétences.
Ma mandature s’arrête en novembre 2021. Mais je compte bien poursuivre ce que nous avons initié. Et cette fois, dans un contexte politique, social et sanitaire que nous espérons tous plus apaisé.
Quels sont vos projets pour les cinq années à venir ?
Je souhaite poursuivre et renforcer les actions entreprises. Pour cela, nous allons regrouper tous les partenaires de l’économie. Il s’agit d’une démarche interprofessionnelle, fédérant associations, fédérations et commerçants. A ce jour, 145 entreprises ont répondu à notre appel. Ensemble, nous travaillons toute l’année sur différents sujets. Nous rencontrons les collectivités et fédérons grandes entreprises, comme TPE et PME.
Pour cette deuxième mandature, il importe plus que jamais de jouer collectif ! Ainsi, dès le début, nous allons mettre en œuvre trois actions fortes :
- tout d’abord, renforcer notre présence internationale. Nous avons déjà créé Africa Link, une communauté d’entreprises d’Aix-Marseille qui commerce avec l’Afrique. Aujourd’hui, 180 structures échangent avec des entreprises africaines, réparties dans les pays anglophones et francophones. Mais nous souhaitons aller plus loin en fondant la Maison de l’Afrique. Cette dernière aura pour mission de développer davantage les relations entre la métropole et l’Afrique, continent duquel nos avons la chance d’être très proches géographiquement. Sans oublier nos relations étroites avec Miami, ville jumelée à Marseille
- la seconde action a pour objet la relance en s’appuyant sur les transitions numérique et environnementale. Nos entreprises doivent prendre conscience de la nécessité de se lancer dans la transition écologique et environnementale.Il faut faire de l’écologie un nouveau mode de développement économique. C’est en Provence que 35 pays collaborent sur le projet mondial ITER. Notre ensoleillement important fait de notre métropole un lieu idéal pour l’implantation de parcs photovoltaïques, par exemple. D’autres projets, comme les éoliennes off shore ou l’hydraulique, avec la proximité de la Durance, vont également pouvoir être entrepris. Nous occupons la troisième place dans le classement des entreprises industrielles du Sud de la France. A travers ces projets, nous comptons bien conforter cette position, voire l’optimiser !
- enfin notre ambition est de faire du territoire d’Aix-Marseille-Provence une importante force de frappe dans les Data Centers. Nos infrastructures de pointe et nos compétences sont reconnues, un point reste à optimiser : le traitement des données. C’est pourquoi nous avons créé en juillet dernier un laboratoire de l’Intelligence Artificielle, au profit des TPE et PME. Et ce, en partenariat avec de grands groupes internationaux et l’Université d’Aix Marseille. Il est vital de former les chefs d’entreprises à l’intelligence artificielle. Ils doivent rapidement en percevoir tout l’intérêt, à leur échelle.
Quelle est la situation économique de votre métropole à la sortie de la crise sanitaire ?
Ici comme ailleurs, la COVID 19 a nécessairement ralenti certaines entreprises, de manière plus ou moins durable. Mais globalement, la mise en œuvre des actions liées au “Quoi qu’il en coûte” du Gouvernement, a porté ses fruits. Les entreprises ont bien géré la crise. En outre, la saison touristique estivale a été bonne. Il est également à noter que la métropole a enregistré de nombreuses créations d’entreprises avec des jeunes diplômés très qualifiés ou des cadres supérieurs parisiens ou étrangers. Marseille est très bien desservie par les axes de transport ferroviaires et aéroportuaires. Notre réseau fibré est l’un des meilleurs du monde. Grâce à la crise sanitaire, les personnes hautement qualifiées ont souhaité changé leurs paradigmes de vie en choisissant la qualité de vie provencale. Le télétravail a ainsi optimisé l’attractivité, déjà importante, de notre métropole.
Dans ce contexte, quelle est la situation immobilière de la métropole Marseille Provence ?
L’immobilier accuse indéniablement les “effets post COVID”. Marseille et Aix possèdent chacune une gare TGV. Nous disposons d’un aéroport international qui met Paris à 1h15. Dans ce contexte, vous imaginez que l’immobilier subit une profonde mutation. Chez les marseillais, l’envie de vivre dans une maison avec jardin n’a jamais été aussi grande que depuis le premier confinement. Les hauts diplômés et les cadres supérieurs de tous horizons recherchent la même chose. Résultat : la maison avec jardin, même en grande périphérie, est un bien rare que l’on s’arrache à prix fort.
Les prix flambent à Marseille, comme dans toutes les métropoles régionales en France, bien que le niveau des prix au mètre carré soient encore inférieurs à Lyon, Bordeaux ou Toulouse.
Par ailleurs, alors qu’il aurait fallu construire au premier semestre 2021 au moins 5000 logements neufs, seulement 500 ont été livrés. En cause, la municipalité qui gèle actuellement l’accord des permis de construire. L’habitat neuf accuse donc un retard colossal, en immobilier résidentiel ou professionnel.
L’immobilier résidentiel traverse donc une période de pénurie avec une nette augmentation des prix. Il ne faudrait pas que ce phénomène dure trop longtemps et que les collaborateurs des entreprises ne puissent plus loger à proximité de leur lieu de travail. c’est une qualité de vie que nous souhaitons préserver pour attirer et fidéliser nos salariés !
La situation n’est pas identique dans l’immobilier ancien de bureau. Nous avons réalisé un très bon premier semestre 2021. Globalement les performances sont comparables à celles de 2019. Et l’attractivité se confirme.
Enfin, nombreux sont ceux qui avaient prédit une désaffection des grands bureaux grâce au développement du télétravail. Pour autant, sur le terrain, cette tendance ne se confirme pas. Il est peut-être trop tôt pour tirer des conclusions. Mais, actuellement, les grandes entreprises ne quittent pas leurs bureaux pour de plus petits.
La situation du commerce en centre ville est plus contrastée. Certains ont été en difficulté. L’arrivée d’enseignes internationales, notamment dans des rues emblématiques, comme la rue Saint-Férréol, participe pleinement à une nouvelle dynamisation.
Une forte présence internationale, la relance économique avec les énergies vertes, un centre mondial pour la data et l’intelligence artificielle, les entreprises du territoire Aix Marseille Provence, derrière leur président Jean Luc Chauvin ont de belles ambitions pour les cinq prochaines années.
Propos recueillis par Stéphanie Buitekant
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