Hélène Leraitre : “j’aime l’immobilier”
Issue d’une école de commerce et titulaire d’une Maîtrise de Droit des affaires, Hélène Leraître avait tout pour briller en entreprise. Les compétences, le savoir-être… Si elle commence donc sa carrière dans une société de marketing, elle en sort cependant désenchantée. “J’ai rapidement dû faire un choix entre vie professionnelle et vie de famille. Choix que je ne souhaitais pas faire”. Qu’à cela ne tienne : Hélène va faire un choix de vie plus flexible, et plus épanouissant : la création d’entreprise. Son métier : la vente en viager. Rencontre avec une personnalité inspirée et inspirante.
Comment vous est venue l’idée de créer France Viager ?
Mes débuts dans une société de marketing ont agit comme un révélateur. Les dirigeants de l’époque m’ont rapidement fait comprendre que je devais choisir entre ma carrière et profiter de mes enfants. Ma décision s’est imposée comme une évidence, j’ai opté pour une autre voie : celle de l’entrepreneuriat.
J’avais à l’époque un ami qui était actuaire. Ensemble, nous avons réalisé une étude de marché relative à l’état de l’immobilier en 1995… Or, un problème ressortait de notre étude : la précarisation des revenus des retraités. A l’époque, le sujet du viager était encore tabou. Mais l’espérance de vie augmentait et le problème du paiement des retraites se posait déjà. Nous avons donc identifié le viager comme une offre intéressante pour bon nombre de retraités. C’est ainsi que nous avons créé France Viager.
Quels sont les avantages du viager ?
A la retraite, payer un loyer grève considérablement le budget de bon nombre de nos concitoyens. C’est pourquoi il faut encourager l‘accession à la propriété au plus grand nombre de français. Ainsi, lorsque la retraite arrive, vous avez la possibilité de revendre votre bien en viager dit “occupé”. Outre la somme initiale versée par le futur propriétaire, vous bénéficiez d’un complément de retraite très appréciable. Parfois même, son montant équivaut à une seconde retraite !
Le viager apparaît alors comme la clé à de nombreux questionnements et appréhensions. Ce qui prouve aussi que, même dans la dernière partie de sa vie, on reste acteurs dans la société. Par ailleurs, le viager représente aussi une solution pour le maintien des personnes âgées au domicile. Disposant de davantage de moyens financiers, elles peuvent avoir recours aux services d’aide à domicile et à de nombreux professionnels. Enfin, dans les zones rurales, le viager permet de lutter contre la désertification.
Pouvez-vous nous parler de votre engagement à la FNAIM ?
Pour porter la défense de la vente immobilière sous forme de viager, nous avons adhéré à la FNAIM. Lorsque j’ai intégré le conseil d’administration de la FNAIM du Grand Paris, le viager n’y était pas représenté. Je me suis donc battue, dès 2008, pour faire avancer les choses. Par ailleurs, je pense que les professionnels de l’immobilier dans leur ensemble ont besoin d’être défendus. En effet, de nombreux particuliers pensent que prendre des photos et les diffuser sur Internet suffit pour conclure une vente.
Quid de la juste estimation du bien ? Très souvent, les particuliers surévaluent leurs biens immobiliers car ils y sont très attachés. Un agent immobilier, lui, peut émettre des avis de valeur, reposant sur l’analyse précise du bien dans son environnement. Il peut comparer un prix à ceux des autres ventes comparables dans le même secteur. Une expertise très utile en cas de vente, mais aussi de succession ou de partage.
Mon combat consiste donc à défendre les professions immobilières, à faire respecter nos obligations et nos droits. C’est pourquoi je siège aussi à la CEIM (Chambre des Experts Immobiliers de France). Il s’agit d’une émanation de la FNAIM. Cette diversification de mes engagements me permet aussi de répondre plus finement à toutes les problématiques immobilières. Et dans mon activité de viager, c’est un atout très appréciable.
Comment avez-vous été contactée par le maire actuel de Saint-Maur des Fossés ?
Au-delà de mes engagements professionnels, je m’implique aussi beaucoup au niveau local. Je suis, par exemple, à l’origine de la création de la fête des voisins !
Je suis aussi très active dans le domaine associatif. Ainsi, en 2014, le maire actuel m’a demandé si je souhaitais rejoindre son équipe. J’ai accepté, ravie de pouvoir mettre mes compétences au service de la gestion politique de la ville. J’ai donc d’abord été en charge du périscolaire de ma ville.
Puis, en 2015, je suis devenue adjointe au maire, en charge des affaires sociales, de la solidarité, du handicap, et du logement social. J’ai donc découvert, en particulier avec le logement social, un autre domaine que je ne connaissais pas. Il a donc fallu que je me forme. Un nouveau challenge que j’ai accepté avec plaisir. En 2020, le maire de Saint-Maur-des-Fossés a été reconduit dans ses fonctions et j’ai conservé cette délégation.
Quelle est votre position sur le logement social, dans votre ville et à l’échelon national ?
Un maire connaît, par définition, mieux que personne l’histoire de sa commune, ses spécificités… Saint-Maur-des-Fossés est une presqu’île qui a plusieurs contraintes. C’est une ville qui se situe sur une boucle de la Marne. Les rues y sont étroites et notre Plan Local d’Urbanisme impose de ne pas construire des immeubles de plus de quatre étages. Or, depuis 2014, Saint-Maur-des-Fossés est la ville qui a construit le plus de logements sociaux. Par ailleurs, l’ensemble de nos infrastructures ont été pensées et réalisées pour une population d’environ 80 000 habitants. Une trop grande hausse du nombre d’habitants rendrait caduque l’ensemble de nos installations.
C’est pourquoi, même si nous construisons des logements sociaux, nous incitons aussi chacun à accéder à la propriété. En tant qu’experte du viager, je vois les conditions de vie précaires des retraités qui n’ont pas acheté leur logement.
De manière générale, je pense aussi qu’imposer à toutes les communes l’obligation de construire 25% de logements sociaux ne fait pas sens. On ne peut pas appliquer des généralités à tous les territoires, sans tenir compte de leurs spécificités. Enfin, je considère que ce n’est pas respecter les personnes que de leur proposer systématiquement des logements sociaux. L’encouragement de l’accession à la propriété est bien plus valorisante et vertueuse.
“J’aime l’immobilier parcequ’en tant que femme de foi, j’aime autrui”
Hélène Leraitre
En tant qu’experte de l’immobilier quelle est votre vision de l’évolution du marché parisien ?
Depuis quelques années, on constate une baisse régulière des ventes de biens immobiliers à Paris. Je vois quatre raisons à cela. D’abord, la diminution du parc immobilier depuis la loi SRU. Là encore, le taux de 25% imposé dans chaque ville a fait diminué l’habitat résidentiel. On compte environ 80 000 logements retirés de ce marché. Ce qui, sur les 1,2 millions de résidences principales, a un impact sur la fluidité du marché.
Par ailleurs, les taux d’intérêts bas ne compensent pas la cherté des biens immobiliers. Et les banques sont de plus en plus exigeantes en termes de garanties pour l’octroi de prêts immobiliers. La troisième raison est liée au confinement qui a vraiment représenté un élément déclencheur. Il y a eu un départ de Paris pour la banlieue et la province. Les parisiens se sont interrogés sur le sens de leur vie. Avec les moyens numériques actuels, le nombre de visioconférences a explosé. Nombreuses sont les entreprises qui préfèrent aujourd’hui louer un bureau pour des réunions ponctuelles que des locaux à l’année.
Nous allons peut être avoir aussi une crise des bureaux due à cette évolution des modes de travail. Enfin, en dépit d’une baisse du nombre des transactions, la pierre reste la valeur refuge. Ainsi, en 2020, on recensait 150 000 transaction à Paris au lieu de 200 000 en 2019. Pour 2021 je pense que le marché va se tendre davantage car nous avons moins de produits en vente. Les vendeurs voulant trouver un autre bien avant de se séparer de leur ancien logement. Par ailleurs, avec le Grand Paris Express, la banlieue va devenir un arrondissement de Paris. Il va donc être de plus en plus difficile de se loger en banlieue. Peut-être la revanche de la province et de certaines campagnes ? A suivre…
Interview par Stéphanie Buitekant
En savoir plus : l’interview d’Hélène Leraitre pour l’Immobilier Sans Frontières
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