L’immobilier d’entreprise a-t-il un avenir ?
La crise COVID 19 rebat les cartes de l’immobilier. Les logements deviennent à la fois lieux de travail et lieux d’habitation. Les espaces de bureaux sont occupés à mi-temps par les nouveaux itinérants du télétravail. Les centres villes métropolitains sont désertés pour des agglomérations moyennes offrant une meilleure qualité de vie. Entre crise économique, transformation des habitudes de vie et repositionnement consumériste, l’immobilier d’entreprise a-t-il un avenir ?
Les conséquences de la crise sanitaire pour les entreprises
Les commerces sont les premiers à subir les difficultés économiques ; on pense aux cafés, restaurants, hôtels, cinémas, théâtres, entreprise liées à événementiel ; par ricochet, ce sont aussi leurs sous-traitants, grossistes, producteurs locaux, services annexes qui sont impactés.
L’immobilier de bureaux n’est pas en reste, entre confinement, désertion des bureaux et ralentissement économique, la crise est bien là.
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Quelle est la situation de l’immobilier d’entreprise post-COVID ?
ImmoStat présente l’actualité de l’immobilier d’entreprise en France : le montant global des investissements en immobilier d’entreprise pour l’année 2020 est de 26,3 milliards d’euros. Cela représente une baisse de 34 % par rapport à 2019. Le quatrième trimestre s’inscrit à moins 42 % par rapport au 4ème trimestre 2019 en atteignant 9,1 milliards d’euros.
Les demandes d’implantations commerciales sont au plus bas. Les besoins de m² de bureaux sont moindres. Les décisions d’investissement sont ajournées. Les prix des loyers et les prix de vente s’ajustent à la baisse.
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Les entreprises doivent s’adapter aux nouveaux comportements.
Les habitudes de consommation changent au fil des mois. Les consommateurs demandent plus de proximité, d’authenticité. Ils sont en quête d’une meilleure qualité de vie. Ils veulent consommer bio, éthique, moins gaspiller. La crise fait rechercher les meilleurs prix, tout en privilégiant le Made in France. Le travail à distance déplace les comportements d’achat des lieux proches du travail vers des lieux proches de l’habitation.
Les entrepreneurs doivent en tirer les conséquences pour leur stratégie d’implantation. La nouvelle stratégie est orientée vers la création de succursales dans les métropoles régionales ou en villes moyennes.
Quel avenir pour l’immobilier d’entreprise dans cette reconversion ?
L’immobilier d’entreprise a encore de beaux jours devant lui. Il sortira transformé et repensé après la crise avec des espaces de travail dans une logique de hub où foisonnent les intelligences collectives.
Les espaces communs seront les gagnants de cette nouvelle donne. Des espaces collaboratifs devront être entièrement reconfigurés pour porter d’autres valeurs. Des valeurs de créativité et de performance.
Vers une mixité des usages
Ces trajectoires du bureau et du logement reposent sur une conviction : la nécessaire mixité des usages. Le fait est acquis. Reste maintenant à accoucher des modèles économiques de ces lieux mixtes, de ces lieux de demain. Des lieux durables et renouvelables. Au-delà des lieux, au-delà des fonctions, il est nécessaire maintenant de repenser la mixité des publics et la relation entre le public et le privé, entre les activités industrielles, commerciales et artisanales, entre le résidentiel et le professionnel.
Vers une politique de la ville plus engagée
Beaucoup de villes moyennes ont engagé des politiques d’accueil dynamiques. Les citoyens optent pour le télétravail, pour consommer dans leur lieu de vie et économiser le temps de transport vers le lieu de travail.
Les transformations du paysage industriel et commercial doivent être accompagnées par les municipalités. Chacune doit s’approprier l’aménagement de son espace. Le tout-commercial en périphérie trouve sa limite. Il faut retrouver un équilibre entre l’implantation d’enseignes populaires en périphérie et le maintien des commerces de centre ville. Rapprocher les citadins de leur lieu de travail, réconcilier la ville et la campagne.
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Et demain ? La crise économique probable est conjoncturelle, dans un environnement immobilier en mutation. Partout dans le monde, l’immobilier reste la valeur sûre portée par des taux d’intérêt bas. L’immobilier d’entreprise se transforme tout en restant une valeur patrimoniale sûre. Une voie s’ouvre pour une meilleure distribution de l’espace entre industries locales, artisanat, zones commerciales et commerces de proximité.
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