Après Brexit
Opportunités et risques ?
C’était le thème de la conférence organisée le 28 février 2020 à Paris, à l’initiative de la Fondation Prospective et Innovation et du cabinet d’avocats Simon et Associés. Un thème d’un intérêt majeur pour l’évolution de nos économies dans les années à venir et les relations commerciales en Europe.
Agence Etoile, membre du worldpropertybusinessclub vous en dit plus
Pourquoi l’Europe ?
L’Europe est un enjeu mondial, son avenir est d’être le centre de gravité des trois « A », Amérique, Asie, Afrique. La construire est un impératif pour la paix dans les pays qui la composent, et l’équilibre du monde.
La civilisation européenne est profondément humaniste et fière de ses sources judéo-chrétiennes. L’Europe est un modèle politique, économique et judiciaire attractif et exemplaire mais en crise d’identité et de leadership.
Après Brexit, le contexte politique au Royaume Uni
Le Premier ministre Boris Johnson s’impose vendredi 13 décembre 2019 comme l’homme fort du Royaume-Uni après son triomphe aux élections législatives. Il honore sa promesse de sortir son pays de l’Union européenne le 31 janvier 2020, après plus de trois ans de déchirements.
Le Royaume-Uni a souhaité retrouver la capacité de gérer son destin au moment d’un retour mondial au protectionnisme » déclare Serge Degallaix, Directeur Général de la Fondation Prospective et Innovation.
Après Brexit, le contexte économique au Royaume Uni
Selon Bloomberg Economics, le Brexit est sur le point de coûter au Royaume-Uni plus cher que son total combiné de paiements au budget de l’Union européenne au cours des 47 dernières années. Le Brexit devrait avoir coûté 200 milliards de livres sterling de croissance économique perdue à fin 2020. Cela signifie que l’économie britannique est inférieure de 3 % à ce qu’elle aurait pu être si le Royaume Uni n’avait pas voté le retrait.
Le Brexit est un jeu perdant-perdant, prophétise Christian de Boissieu, Président du Conseil d’analyse économique, nous resterons sur le même bateau, mais sur le plan économique tout le monde sera perdant. »
Après Bexit : conséquences financières
Conséquence immédiate de la victoire du « oui » à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, la devise britannique a perdu 11 % de sa valeur par rapport à la devise européenne, une dépréciation qu’elle n’avait pas connue depuis 30 ans.
Sur le plan structurel, le Brexit a provoqué un phénomène de délocalisation des activités bancaires et financières. Des emplois dans ces secteurs ont été redéployés vers Dublin, Francfort ou Paris, et le mouvement va se poursuive.
Néanmoins, quel que soit le scénario, Londres restera une place financière de premier plan, tant qu’il y aura une concurrence féroce entre Paris et Francfort.” précise Serge Degallaix
Après Brexit, les conséquences pour l’Europe continentale
La construction européenne se fissure. Il reste l’appartenance européenne. Le Royaume Uni ne quitte pas l’Europe, il reste un ami, un partenaire, un voisin.
Les français ont perdu des parts du marché britannique depuis 15 ans avec une concurrence étrangère très active, mais néanmoins les entreprises françaises restent fortement implantées dans l’agro-alimentaire, le médical et les start-up » indique Raphaël Tirat, UK Director de EXPANDYS.
Dans l’immédiat, les dossiers majeurs à traiter sont :
Les droits des ressortissants : la Grande Bretagne est un grand partenaire des pays continentaux, il y a deux fois et demie plus de continentaux en Grande Bretagne que de britannique en Europe ;
- La facture à payer : il faut déterminer le montant de la soulte à acquitter par le Royaume Uni pour solder ses engagements venant à expiration du fait du Brexit ;
- La frontière à inventer entre le Royaume Uni, l’Irlande de Nord et la République d’Irlande, préserver les avancées de la paix et les acquis.
Pour l’Europe, on le constate déjà, les difficultés apparaissent avec le blocage du vote du budget et évidemment le risque d’autres retraits.
Sur sa politique industrielle, l’Europe doit fait preuve de moins de naïveté et doit devenir protectionniste vis-à-vis de ses marchés extérieurs” selon Christian de Boissieu.
Après Brexit et immobilier français
Avec la perte de 11 % de leur pouvoir d’achat en euro, les prix de l’immobilier français sont pour les Britanniques 11 % plus élevés. Néanmoins, ils restent les premiers acheteurs étrangers de biens en France.
Je pensais que les effets positifs du Brexit sur le marché immobilier parisien ou national étaient un fantasme mais quand je regarde d’où viennent les internautes sur notre site internet, je me rend compte que les consultations depuis le Royaume Uni sont en énorme croissance depuis 2018 jusqu’en ce début d’année 2020 et nous avons beaucoup de transactions avec des Anglais », déclare Emmanuelle Sadone (Immobilière Sadone à Neuilly s/Seine) sur les ondes de Radio-Immo
Lire le podcast : interview d’Emmanuelle Sadone sur Radio-Immo
4 % des transactions immobilières dans Paris sont réalisées par des étrangers, dont une majorité de britanniques et sur des secteurs tels que les 6ème et 7ème arrondissements de Paris. Avec ou depuis le Brexit, ces investisseurs n’hésitent pas sur les moyens financiers pour acquérir des biens de prestige d’une valeur jusqu’à 30 à 35.000 €/ m2 » selon Michel Kessler (Paris-Seine Immobilier à Paris 6)
Ecouter le podcast: interview de Michel Kessler sur Radio-Immo
En ce moment, nous avons beaucoup de résidents londoniens, des français, qui reviennent en France. Cette clientèle est exigeante, mais quand ils veulent un bien, ils mettent le prix” enchérit Chloé Dapino (Asda Immobilier, Paris 16)
A écouter aussi : interview de Chloé Dapino sur Radio-Immo
Doit-on, pour autant, s’attendre à un « boom » de l’immobilier de luxe français suite au Brexit ? ma réponse est plutôt non. Les prix parisiens sont élevés, nonobstant les nombreuses manifestations avec les violences qui leur sont associées et qui ternissent quelque peu son image.
A regarder : le podcast de l’immobilier sans frontières en Grande Bretagne
L’après Brexit, quelles opportunités pour la France ?
La première opportunité française serait de ravir pour Paris le titre de première place financière européenne, et donc des emplois à forte valeur ajoutée. Opportunité aussi de faire prendre conscience à l’Europe continentale de la nécessité d’une politique industrielle de relocalisation des industries en gagnant de l’indépendance et des emplois. Jouer l’atout de la prise de conscience écologique avec le développement des énergies propres et de l’économie verte. Et enfin contrer les forces montantes du protectionnisme, en rendant l’espoir de jours meilleurs aux citoyens avec une politique européenne plus sociale et moins technocratique.
Les deux chantiers majeurs sur le plan économique, pour Christian Noyer, chargé par le gouvernement de réfléchir aux conséquences du Brexit, sont les domaines du droit du travail et de la fiscalité. Des avancées sont en cours. La loi travail a été votée au cours de l’été 2016 et va dans la direction souhaitée par les grands investisseurs étrangers.
Et la baisse de la fiscalité sur les sociétés, programmée sur quatre ans, permet d’avoir une orientation consensuelle. Par ailleurs, pour faciliter l’installation en France de personnes venant de l’étranger, il existe un régime – dit des « impatriés » – permettant d’exonérer d’impôt sur le revenu les primes d’expatriation.
André Perrissel
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